Pour ce périple à travers le grand nord Indien, je vous donnerai un conseil : ne faites pas comme moi !

Enfin si, c’était merveilleux et je le referai dès demain si je le pouvais mais je me suis un peu fait avoir au départ !

Pour la petite histoire, me promenant de bon matin dans Pahar Ganj à New Delhi (endroit que je ne recommande pas, aller faire un tour du côté de la tibetan collony, beaucoup plus « vivable », si vous devez rester à Delhi), je me suis fait harponner par un sympathique passant m’emmenant dans un chouette coin pour déjeuner. De fil en aiguille et malgré deux mois passé dans le pays à balayer les mauvais coup, il me fait entrer dans une « travel agency » qui si elle ne se revendiquait pas être l’officiel Tourist Information Center (comme des milliers d’autres), j’en suis ressorti avec deux billets d’avions et un voyage tout organisé (ou presque) pour le Cachemire et le Ladakh. Je tiens cependant à dire que le peu d’information que l’on peut trouver sur le tourisme au Cachemire (volontairement absent du Guide du Routard dû aux risques) a aidé ces messieurs à me vendre leur prestation. Ces mauvais bougres sont cependant comme tous les mauvais bougres Indiens vis à vis des touristes : ils en veulent à votre argent mais il ne vous mettrons jamais en danger (je ne peux parler qu’avec mon expérience propre). Le tour prévu est bien respecté, quelques détails mis à part, vous le verrez au cours du voyage !

En direction de Srinagar :

Départ pour Srinagar devant la travel agency, un taxi vient nous prendre, moi et Josh, un américain dont qui j’ai fait la rencontre au Red Fort lors du city sightseeing « offert » par cette même travel agency en bonus du tour que je prenais chez eux (ils sont fort ces indiens). Direction l’aéroport, Terminal 3, vols régionaux.

Nous faisons plus ample connaissance avant d’arriver dans cette région que ni lui ni moi ne connaissions, dans laquelle nous avions entendu tant d’histoires et avec la paranoïa qui se développe lors des séjours à Delhi. Un point à ne pas manquer, si vous faites le vol Delhi-Srinagar, demandais à avoir une place près d’une fenêtre à droite de l’appareil. Il serait fort dommage de rater une vue d’avion de la chaîne himalayenne… Un des plus beaux paysages qu’il m’ait était donné de contempler. A l’arrivée, nous sommes accueilli par une horde de taxis qui « nous attendaient » sans qu’aucun n’ai nos noms ou nos nationalités. L’un deux, plus motivé que les autres, nous tends son téléphone avec à l’autre bout, notre soit disant hôte, qui aurait pu être n’importe qui puisqu’il ne connaissait pas nos noms. Je lui fais confiance car il savait qu’on était deux et que josh était américain. Les deux officiers de la Tourist Police nous donnent leur numéro et nous ordonnent de les appeler quand nous aurons rencontré notre hôte, que ce soit le bon ou non… A la fois rassurant et inquiétant…

Le taxi nous emmène donc à travers Srinagar où nous découvrons les files de militaires de la Jammu & Kashmir Police armés jusqu’aux dents. Nous arrivons finalement devant un embarcadère sur le Dal Lake. Ali, notre hôte nous attends et nous réparti chez deux familles. J’irai chez son beau frère et Josh ira chez lui.

Houseboats sur le Dale Lake à Srinagar
Houseboats sur le Dale Lake à Srinagar

Plus de peur que de mal car l’endroit est idyllique. Heureusement car nos portables ne fonctionnent plus et ne fonctionnerons qu’une fois retournés à Delhi… Je conseil l’endroit, mais éviter absolument les périodes froides. La région est d’avantage tempérée que le Ladakh mais l’humidité du lac additionné au brouillard qu’il crée rendent le lieu extrêmement froid. Je ne suis pas du tout frileux et les -15°C sec de Leh quelque jours après ne m’ont pas du tout gêné mais ici, l’humidité vous pénètre et pompe votre chaleur de jour comme de nuit. Aucun vêtement n’y fait quoi que ce soit. Vous serez prévenu…

Le Cachemire est la seule région du globe à majorité soufie, et même si le soufisme est considéré comme la voie la plus souple en matière de règle de vie de l’islam, les coutumes sont ici respectées à la lettre.

Détente sur le « house boat »:

Lecture et tentative de me réchauffer sur le bateau

Couché de soleil sur Dale Lake
Couché de soleil sur Dale Lake

Booking et balade dans Srinagar :

Mon hôte m’invite à le suivre à travers Srinagar. Je croyais faire une visite, je cours derrière mon hôte accroché à son téléphone durant tout notre parcours. L’ampoule que j’ai au pied finira de me gâcher les derniers allers retour entre les bureaux de leur mini-travel agency où ils m’exhortent de suivre mes futurs compagnons de trek dans une vallée perdue où vive des nomades.

Mon budget déjà dépassé, je me vois dans l’obligation de refuser (jusqu’au lendemain, ce qui m’aura tout de même value une bonne baisse du tarif). Pour information, compter 1500 roupies par jour de trek, cuisinier compris, auquel il faudra rajouter le pourboire inhérent à toute activité en Inde. Ce pourboire varie en fonction de votre envie et de la qualité du service rendu (et de la proximité avec la personne). Les salaires couvrant à peine le quotidien, les pourboires leur permettent de vivre plus dignement. Concernant le prix des trek, au delà de 2000 rps, c’est de l’arnaque (à moins qu’il y est des activités en extra), en dessous, c’est que se sera pain sec (ou plutôt chapati froid) et eau !

Visite du temple de Srinagar :

Je prends un tuk tuk pour monter au temple qui domine le lac, seule terre visible depuis la proue de mon House Boat, lorsque le brouillard se dissipe.

Là encore interdiction aux tabac et briquet (comme dans la majorité des sites touristiques en Inde) mais aussi contrôles d’identité, interdiction aux téléphones, appareils photos et autres appareils électroniques, cette fois due à la proximité entre le temple et une base militaire. Vous devrez donc me croire sur parole lorsque je vous conseil d’aller là-haut pour découvrir Srinagar, le lac et ses environs depuis un point de vue bien isolé. Le temple en lui même n’offre aucune originalité sinon qu’il jouxte le campement de la base.

Allons faire du trek dans la vallée de Naranaag:

La veille au soir, Ali avait fini par me convaincre (les indiens sont bons en affaires, les cachemiri sont TRÈS BON) de suivre Josh, Teruo et Alexander accompagnés par Jaffa notre FORMIDABLE cuisinier pour 3 jours de trek.

Vallée de Naranaag
Vallée de Naranaag

Rendez vous 9h pour le départ. Connaissant les bougres, je ne m’attends pas à les voir arriver avant 10h. J’embarque à 10h30 et nous retournons d’abord sur le marché faire les courses. Je me rend vite compte que j’ai atterri sur le mauvais bateau puisque Josh et Teruo, en plus d’avoir vécu à deux sur leur bateau, semblent connaître le marché comme leur poche (une fois de plus, je dirais qu’un moment mémorable se joue parfois à peu de chose, raison de plus pour multiplier les occasions – et les voyages). Saluant quelque commerçants et me faisant découvrir les petits stands sympa, ils m’orientent vers les Water Chestnut (ou Marron d’Eau), spécialité du lac dont il ne faut pas abuser sous peine de passer du temps sur les wc, mais excellents grillés quelques minutes au poêle à bois! Bref, choisir son House boat n’est pas une mince affaire et je n’ai pas assez d’expérience pour vous donner LE conseil universel. Ne prenez pas le moins chère (risque de mauvaises surprises, le lac est grand…), ni le plus chère (inutile). Essayer d’en trouver un pas trop loin du rivage mais éviter ceux en face de la route, bref, pas facile de trouver la perle rare mais cela reste une magnifique expérience !

11h, le départ est donné et c’est parti pour l’aventure et la découverte de paysages encore inconnus. Nous sortons de Srinagar avec le classique panneau See you again in Srinagar mais le mot Srinagar n’était plus lisible, barré, remplacé par Pakistan. Ultime rappel que la région n’est pas aussi stable que veut bien le faire croire le gouvernement local.

Nous passons par Kangan où nous sortons de la route principal pour rejoindre Naranaag où nous retrouvons Aktar, notre guide. Il appartient à la tribu de nomades qui vit ici depuis des siècles. Ancêtres des Rroms, ils perpétuent des traditions ancestrales qui nous paraissent sorties de livres d’histoires. Aktar nous avouera avoir rencontré sa femme lors de leur mariage, il avait 16 ans et elle 15 ans.

Maison traditionnel des nomades
Maisons traditionnels d’estives des nomades

Les quatre jours sur place furent sous doute parmi les plus intenses de mes trois mois en Inde. Au programme : levé avant le soleil, je retrouvai Josh dans nos méditations. Puis, nous allumions le poêle et commencions à lire. Les autres se réveillant, nous faisions notre yoga. Jaffa nous préparait le petit déjeuner puis le déjeuner que nous emportions sur les chemins. Quelques heures de marches dans les contreforts himalayens. Pause déjeuner près du feu, toujours avec un paysage somptueux, musique et dance par Aktar. La chaleur des Indiens rencontrant la musique du cachemire. Puis, retour à la maison. Thé. Quelques coups de hache pour approvisionner le poêle à bois. Douche froide. Thé. Diner. Puis venait le moment où toute la famille venait se rassemblait dans la pièce ou nous vivions : Aktar, sa femme, Shegufta, leur petite fille, et son petit frère dont j’ai égaré le nom… Alexander avait un petit haut-parleur qui lui permettait de passer de la musique et nous voilà partis pour des soirées à jamais encrer dans nos mémoires.

Pause autour du thé...
Début de soirée avec Jaffa et le père d’Aktar…

Les quatre jours et les trois nuits sont passés si vite que j’aurai tout fait pour rester si ma liaison avec le Ladakh n’était pas prévue pour le lendemain.

Allez faire un tour sur la gallerie pour d’avantages de souvenirs : Trek à Naranaag

Visite à Leh au Ladakh:

Lors de mon départ de Delhi, la liaison devait s’effectuer en bus et durer deux jours avec une escale à Kargil.

Ce matin là, j’apprends que je vais voyager en jeep, que le voyage se fera en une seule journée et que ma guesthouse à changer… J’avais presque oublié ce sentiment désagréable de devoir faire confiance à des gens qui font tout pour ne pas vous en inspirer…

Je retrouve donc les chauffeurs, ladakhi, qui doivent me faire traverser l’Himalaya lors d’un périple de 14h, 422km où nous passerons les cols de Fotu La à 4108m et Zoji La à 3528m : la National Highway 1D. Les ladakhi ont cette faculté, à l’inverse des cachemiri, à vous inspirer confiance, qui m’a fortement soulagé à ce moment précis.

Arrêt déjeuner pour le convoi
Arrêt déjeuner pour le convoi

Le convoi s’ébranle vers 10h, nous arriverons à Leh à 2h du matin le lendemain – les 2h d’extra sont du au changement des étriers de freins à Kargil…

NH1D_HighVillage
Village d’altitude

Il faut savoir que la route n’était en fait pas vraiment « ouverte », mais pas vraiment « fermée » non plus… Nous n’avons cependant croisé aucun véhicule qui ne fut militaire. Je n’ai jamais fait la route entre Manali et Leh, si réputée et par conséquent ultra touristique, mais la NH 1D vaut vraiment le coup. La chaîne himalayenne, le passage à Drass, lieu habité le plus froid sur terre après la Sibérie (-45°C), la vallée qui descend sur Leh et les nombreux villages d’altitudes valent les 14h de trajet.

NH1D_Drass
Drass, arrêt minute dans la seconde région habitée la plus froide au monde

Arrivée à Leh, 2h du matin, nous trouvons la Dorje Guesthouse. Nous tentons pendant une dizaine de minute de nous faire attendre et, sur le départ, Dorje sort de chez lui, par -20°C. Il nous indique que sa guesthouse est fermée et qu’il n’a jamais été prévenu de notre arrivée, qu’il aurait décliné puisque fermé depuis deux mois. Il nous accueil cependant volontiers et met toute la maison en branle pour nous accueillir, le couple de locaux avec qui j’ai voyagé et moi. Thé, biscuits, il nous propose un souper que nous déclinons pour aller nous coucher.

Leh_DorjeGuesthouseView
Vue depuis ma chambre au réveil

Leh, traditions et émerveillement:

Je me réveil et découvre à la fenêtre le spectacle du Ladakh. Depuis mon arrivé en Inde, tous les étrangers avec qui j’avais discuté « lieu à voir » et qui étaient passé par le Ladakh m’en parlaient comme ébloui par un lieu hors du temps. Je comprenais enfin leur passion pour l’endroit. J’aurais envie de vous mentir et de vous inciter à ne pas y aller afin de garder le lieu intact – le tourisme explosant depuis peu, le lieu change de visage et de graves problèmes surgissent – mais j’en suis incapable. Je vous implorerai juste d’y aller en n’en prenant que des souvenirs et en n’y laissant seulement des rencontres. Car si le lieu est majestueux, les ladakhis sont à la hauteur de leur région. À la chaleur et la proximité que dégagent les indiens, le bouddhisme et la culture du Ladakh font de chaque rencontre un bain de bonne humeur, sinon de bonheur. Jullay, ce mot qui signifie à la fois bonjour, merci, au revoir… sera toujours exprimé le sourire aux lèvres. Sous le soleil, la neige, dans les rues ou dans les montagnes, dans les magasins comme dans les temples, les ladakhis ont une présence qui marque par l’apaisement et l’amour qu’elle transmet.

Dorje m’explique que je pourrais rester chez lui pendant les quatre prochains jours malgré que son établissement soit fermé. J’aurai donc le plaisir de prendre mes petits déjeuners et mes diner dans la cuisine familiale, seule pièce de la maison chauffée, dans l’intimité de la famille.

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Leh et la vallée de l’Indus depuis Namgyal Tsemo Gompa

Il y a de nombreuses choses à voir et à visiter à Leh : le Namgyal Tsemo Gompa qui surplombre le palais. Les temples de la ville dont le Soma Gompa, le Shanti Stupa au Nord… Vous trouverez tout ça assez facilement.

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Tableau représentant la souffrance des Tibétains

Il existe cependant quelque lieux très intéressants et hors des sentiers battus qui méritent de s’y attarder : le LEDeG (Ladakh Ecological Development Group) où vous comprendrez comment et pourquoi les ladakhis sont de véritables écolos. Dans la même enceinte (peut être au bout de la rue en été), la Woman’s alliance, association de femmes qui vous propose nombre de produits artisanaux. En redescendant du palais se niche un petit musée tenu par une association qui expose des artistes locaux contemporains. Rares promoteurs de l’art dans la région, ils organisent des ateliers et des tournages pour les jeunes de la région. Et c’est Beau !

N’oubliez pas de vous perdre dans les ruelles peu fréquentées autour du centre ville (vous y ferez peut être de curieuses et intéressantes rencontres).

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Yack dans les rues de Leh

Je ne parlerais pas des nombreux treks autour de Leh, je n’ai pu en faire aucun car la saison était trop avancée pour faire les estivaux, et le fleuve n’était pas encore gelé pour y faire le fameux trek hivernal (à faire en février).

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Vendeur de rue (propose d’excellentes chaussettes en poil de yacks)

Leh sous la neige visite de temple et retour :

La veille, Dorje m’explique que sa femme est aller passer le week-end chez sa mère et me propose de boire une bière avec lui. Sa femme étant pratiquante, elle n’aime pas lorsqu’il boit et cache l’alcool dans un meuble qu’elle ferme à clés. Après une longue recherche, nous attaquons le breuvage. Fait marquant, au Ladakh, il faut réchauffer la bière pour la boire, au risque de se bruler le palais tant le liquide est froid…

Leh_DorjeGuesthouseView

Dans la nuit, les premières neiges de l’année tombent. Au réveil, le décor montagneux et aride prend toute sa dimension. À croire que les pentes sèches attendaient cette neige pour se réveller. Dorje me propose de m’emmener visiter les temples majeurs au Sud de Leh. Shey, Thikse, Chemrey et enfin Hemis, le plus important. Ayant un oncle moine, il me permet d’accéder aux cuisines où je pourrais déguster un thé salé au beurre de yack préparé par les moines. Spécialité qui peut surprendre lors de la première dégustation mais qui devient rapidement une habitude tant le froid et l’altitude demande un apport énergétique fort auquel ce thé vient répondre.

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Le monastère de Chemrey sous la neige

Toutes les photos par là : Les temples Bouddhistes de la vallée de l’Indus

Il m’emmène ensuite visiter son oncle qui vit dans une des petites habitations qui jouxtent le temple. Nous le trouverons en train de débattre avec un autre moine sur des sutras du Bouddha. Quelques thés plus tard, nous reprendrons la route pour aller chercher sa femme, son fils et le petit dernier roulé dans nombre de couvertures. La nuit tombante, les températures chutent rapidement sous les -20°C. Nous nous rendons donc chez sa belle famille où je serai reçu comme un membre de la famille.

Le lendemain, retour en avion pour Delhi, l’esprit clair et en paix, le cœur plein.

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